Souvent il est vrai, nous ne prenons pas le temps de connaître notre patrimoine local alors que nous nous délectons de la beauté des paysages lointains. Alors pour une fois, découvrons - ou redécouvrons - le prieuré Saint Agnès de la Motte de Galaure.
Un petit groupe de Mottois, bien décidé à travailler pour la valorisation de ce prieuré, a créé en octobre 2008 une commission Extra-Municipale Histoire (CEMH), prenant ainsi le relais de nombreux bénévoles qui, pendant des décennies, se sont mobilisés pour sauvegarder, embellir, animer, ce riche héritage architectural.
La Motte a en effet plus de dix siècles d'Histoire connue mais nous savons aussi qu'aux IVème, IIIème siècle avant notre ère, entre les vallées de l'Isère et du Rhône, des peuplades celtes traversent ces régions marécageuses, couvertes de forêts, laissant ça et là quelques traces.
Le premier objectif de la commission est donc la remise en état de l'un des deux pilastres qui fut malencontreusement renversé en 2004. Ces deux pilastres au bout de l'allée qui conduit à l'église, sont les témoins d'un probable lieu de cultre païen. "Mais ce sont des pilastres celtes" confiait en juin 1984 au prêtre de la paroisse, un archéologue qui visitait l'église. La remise en état du pilastre endommagé fait actuellement l'objet d'un dossier, après l'avis favorable du Conseil Municipal du 21/04/2009. Dès février 2010, les travaux de restauration vont démarrer...
Aux IIIème, IVème siècles, quand la Gaule est évangélisée, de petits oratoires chrétiens prennent appui sur ces lieux de culte païen.
Un concile à Mantaille (rendez-vous de chasse des Grands de Bourgogne).
Au IXème siècle, l'Archevêque de Vienne rassemble à Mantaille des évêques, des comtes, des seigneurs pour essayer de mettre de l'ordre au coeur de cette période troublée par les guerres, des luttes sans merci. Ensemble, ils décident d'élire un roi. Boson, comte de Vienne, obtient les suffrages des prélats et des grands de Bourgogne. Il est élu roi de Bourgogne à Mantaille en 879.
Nous savons aussi qu'il est bienfaiteur d'une abbaye qui vient de se fonder au nord de Lyon, l'Abbaye St-Philibert de Tournus. Des liens d'amitié unissent Boson et le prieur de Tournus... notre région et particulièrement des terres de La Motte, Boson devenu roi, en a fait sans doute don à son ami de Tournus. Nous sommes en 879, à la fin du IXème siècle...
Des bords de la Saône aux rives de la Galaure...
Quelques religieux de la grande abbaye bourguignonne, probablement au temps de Boson ou de ses fils, sont envoyés à La Motte.
Le prieuré de la Motte figure dans un acte de 1037 et dans plusieurs Bulles (lettres) pontificales, de 1104 à 1246 qui le mentionnent comme appartenant à St Philibert de Tournus.
Les moines sont à pied d'oeuvre. Sur l'oratoire primitif, notre église prend appui. Regardons-là cette église, celle d'aujourd'hui, les marques de sa naissance se lisent encore sur ses murs, ses fenêtres, ses colonnes, ses arcs...
Magnifique façade où s'harmonisent en trois étages le plein cintre de l'entrée, la fenêtre polylobée à colonnettes et les arcades du clocher. Murs latéraux et vitraux d'origine, restes des guerres de religion, chapelles rajoutées aux XVème et XVIème siècles, restaurations plus récentes. Les siècles se succèdent et plus ou moins bien s'épaulent aussi.
Adossés à l'église, au nord, le prieuré et son cloître aux belles arcades en plein cintre, sobre et recouvert d'une charpente de bois. Autour du cloître, s'organisent les bâtiments d'habitation, de travail, de réserve dont demeurent encore des parties importantes.
L'essentiel des murs anciens qui formaient le carré du cloître est conservé. Nous avons ainsi le bonheur de trouver à La Motte le volume de ce qu'était un petit prieuré rural au début du Moyen-âge, les bâtiments s'organisant autour du cloître et celui-ci s'appuyant à l'église, lieu de la prière et de la louange, raisons d'être du prieuré.
Un village tout petit s'est tassé tout près, à contre-pente. Il en reste encore quelques vieilles maisons, certaines ont plus de trois siècles. Elles n'ont pas le même âge que le prieuré bien sûr, mais elles nous indiquent avec certitude où se situait le vieux village.
Au nord du département de la Drôme dans un paysage verdoyant et vallonné, une petite rivière, la Galaure, s'échappe du plateau de Chambaran en Isère et court à travers saules et peupliers se jeter dans le Rhône. 
